Les édifices bâtis entre 1850 et 1950 forment l’essentiel du paysage des villes et des réalisations qui accèdent désormais au statut du patrimoine national dans les pays méditerranéens. Afin d’éclairer les procédures d’inventaire et de classement qui conduisent à cette patrimonialisation d’édifices ou d’ensembles complets incluant de nombreux espaces publics, neuf équipes venant d’Algérie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Maroc, Tunisie et Turquie ont analysé les données et méthodes relatives au patrimoine récent. Ensemble, elles ont répertorié les sources, dressé un inventaire bibliographique, comparé les démarches des historiens comme des praticiens, en vue d’éclairer les spécificités et les traits communs de ce foyer de culture qu’est le bassin méditerranéen.
Fruit de ces investigations inédites, le nouveau regard porté sur la production architecturale et urbaine du siècle et demi passé permet d’envisager une histoire de l’architecture et du patrimoine dans une logique plurielle, œuvrant subtilement à appréhender la complexité de la circulation des idées, des modèles et des savoir-faire de même que leurs inflexions. Ainsi, il est possible d’expliquer comment les anciennes puissances coloniales et les nations ayant recouvré leur indépendance ont bâti ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui des patrimoines partagés.