A mi-chemin de l’esthétique et de la théorie architecturale, cet essai passionnant éclaire le commerce mystérieux que les architectes entretiennent avec les images, la manière dont elles façonnent leur imaginaire et nourrissent leurs projets.
En architecture, les images n’interviennent pas seulement en aval du projet, lorsque l’architecte doit le représenter, le transmettre, le « rendre » ou le vendre. Seules ou en séries, manuelles ou automatisées, fixes ou animées, internes ou externes à la discipline architecturale, elles sont mobilisées dès les premiers moments du processus de conception pour inspirer, stimuler, instruire, préfigurer, donner du sens. Devenu image, le projet achevé rejoindra lui-même cet inépuisable musée imaginaire, qui s’amplifie sans cesse par le jeu de la référence et par l’écho spéculaire des médias contemporains. Entre mémoire et anticipation, l’architecte évolue ainsi dans un monde d’images : celles, tangibles et concrètes, qu’il tient sous ses yeux, organise en collections, manipule et détourne, et celles, abstraites et mentales, qui véhiculent sa vision encore floue, diffuse et intuitive de l’architecture à venir.