Espaces

Introduit tardivement dans le langage des architectes – à partir de la fin du XVIII^e siècle –, mais aujourd’hui omniprésent, le mot « espace » renvoie à un large éventail d’acceptions, depuis les définitions les plus formelles et abstraites, jusqu’à celles qui engagent l’expérience subjective et directe de la réalité. Paolo Amaldi se propose, dans cet ouvrage de synthèse, de relater le statut incertain et errant de ce concept pluriel, tiraillé qu’il est entre sa nature d’objet produit par la perception et sa vocation à devenir un pur référentiel de description. L’espace implique en effet deux opérations : l’une de formalisation et l’autre de représentation. Il implique une forme d’écriture et de lecture du monde. Chaque époque s’approprie l’environnement en l’inscrivant à l’intérieur d’un système référentiel plus ou moins cohérent et en prenant appui sur certains « pouvoirs de vérité ». Si le premier est la vue, d’autres schémas d’organisation sensoriels vont progressivement apparaître et produire différents modes de description et donc de conception de l’architecture. Que cachent ces mutations, si ce n’est une tendance récurrente à concevoir l’espace comme une substance figée, stable, rassurante ?