Loin des fantasmes orientalistes, des essentialisations identitaires ou des stéréotypes touristiques, ce livre restitue les jardins persans dans leur réalité actuelle, leurs usages multiples, leure rapports aux éléments et trace la complexité de leurs racines culturelles.
Les jardins persans sont une géométrie que dessinent une enceinte, des canaux perpendiculaires, un pavillon central, des lignes d’arbres, des mosaïques de fleurs, des damiers de fruitiers. Ils sont des poèmes, des récits, des ruines, des dessins que les archéologues font remonter au VIe siècle av. J.-C. et même à 4000 ans av. J.-C. Ils sont aussi un héritage que les deux derniers siècles ont figé en un paradigme, le chahâr bâgh, légitimé tour à tour par un ancrage dans le Coran, des traces archéologiques, une architecture vernaculaire. Pourtant, architectes et historiens remettent aujourd’hui en question l’unicité de ce modèle, tracent d’autres généalogies, notamment zoroastriennes, et révèlent des usages pluriels, de l’agriculture vivrière au rendez-vous galant, de la chasse au retranchement militaire. D’autres regrettent la réduction du jardin persan à un stéréotype cédant à la culture de la représentation et du tourisme. Ces différentes interprétations dont le livre se fait l’écho soulignent la forme de palimpseste des jardins persans que les restaurations successives effacent ou révèlent. Leur permanence tient à leur matérialité mais aussi à leur immatérialité, – la plus difficile à entretenir –, émanant autant de l’évanescence des couleurs, des effluves, des bruissements que de la poésie elle-même.
Avec un jeu de cartes et plans originaux dessinés par Pierre Farret